Les déclarations précises et circonstanciées de la requérante opposée au régime et ciblée personnellement du fait de la démission de son frère des forces de police, à raison de son désaccord avec les agissements du gouvernement en place ont permis la reconnaissance du statut de réfugié.
» Dans ces conditions, et dans les circonstances particulières de l’espèce, bien que l’intéressée n’ait pas eu de militantisme notable, son ciblage personnel à la suite de la démission de son frère des forces de police, au lendemain de leur participation conjointe à une manifestation en avril 2018, a emporté la conviction de la Cour. De plus, la requérante a su apporter des indications précises et empreintes de vécu sur la visite à son domicile d’individus envoyés par les autorités, sur sa décision de se réfugier chez une bonne-sœur, sur ses conditions de vie auprès de cette personne pendant une année, et sur les raisons pour lesquelles elle n’a pu quitter le Nicaragua durant cette période, faute de moyens financiers. De même, ses allégations portant sur ses conditions de vie entre 2019 et 2021, où elle a principalement vécu recluse à son domicile de crainte d’être inquiétée par les autorités, ont également été restituées de manière personnalisée. Par ailleurs, la résurgence des intimidations à l’encontre de sa famille en 2021, pendant la période électorale à l’issue de laquelle M. Daniel Ortega a été réélu pour un quatrième mandat le 8 novembre 2021, a fait l’objet d’explications tout aussi cohérentes. Sur ce point, l’intéressée est revenue, lors de l’audience, en des termes particulièrement empreints de vécu, sur la violente arrestation dont sa sœur a fait l’objet et qui avait valu à celle-ci d’être détenue durant plusieurs jours, après que les autorités eurent constaté qu’elle s’était abstenue de voter à l’élection présidentielle de septembre 2021. Interrogée, enfin, sur l’organisation de son départ du Nicaragua en 2022, elle a expliqué en des termes clairs qu’elle avait pu récolter suffisamment d’argent, notamment grâce à l’aide de l’église et de la bonne sœur qui l’avait précédemment aidée. Ainsi, il résulte de ce qui précède, et sans qu’il soit besoin d’examiner l’autre moyen de son recours, que Mme XXXX craint avec raison, au sens des stipulations précitées de la convention de Genève, d’être persécutée en cas de retour dans son pays en raison de ses opinions politiques et de son ciblage personnel du fait de la démission de son frère des forces de police, à raison de son désaccord avec les agissements du gouvernement en place. Dès lors, elle est fondée à se prévaloir de la qualité de réfugiée. «
Cnda-23-01-23-soeur d’un policier démissionnaire Nicaragua Statut